Méditation avec Le saint esclavage de l'admirable Mère de Dieu du Dr H-M Boudon
: 17 août
DEUXIÈME TRAITE
CHAPITRE X
De la chasteté de la très sainte Vierge
Celui qui veut garder inviolablement la chasteté doit la confier et la mettre entre les mains de la reine des anges, et attendre tous les secours nécessaires pour surmonter les difficultés qui s'y rencontrent de sa puissante protection.
Il doit se souvenir que c'est un don de Dieu, qu'il faut par suite lui demander par prières, jeûnes et autres bonnes oeuvres, que c'est un don qui est accordé aux humbles, l'impureté étant la peine du vice superbe, étant certain que tôt ou tard les vains et orgueilleux tomberont dans quelque péché honteux.
Je le répète : Que celui-là soit humble qui veut être chaste : la chasteté périra si elle n'est soutenue de l'humilité. C'est un don de Dieu que l'on conserve par l'éloignement des occasions ; dans les combats de la chasteté il faut triompher en fuyant.
L'on doit donc avoir en horreur toutes sortes de familiarités avec les personnes de différent sexe. Soyez extrêmement prompte, dit saint François de Sales parlant à Philothée, à vous détourner des acheminements de la lubricité ; car ce mal agit insensiblement, et par de petits commencements fait progrès à de grands accidents.
Il est toujours plus aisé à fuir qu'à guérir. Les corps humains ressemblent à des verres qui ne peuvent être portés les uns avec les autres en se touchant, sans courir fortune de se rompre ; et aux fruits, lesquels, quoi qu'entiers et bien assaisonnés, reçoivent de la tare s'entretouchant les uns les autres.
Ne permettez jamais, Philothée, qu'aucun vous touche incivilement, ni par manière de folâtrerie, ni par manière de faveur. L'on doit bien aussi se donner de garde des amitiés fondées sur les sens, ou de certaines vertus vaines qui dépendent des sens ; combattant fortement l'inclination affectueuse qui y peut porter : car telles amitiés, dit encore le saint que nous venons de citer, sont folles et vaines, n'ayant pas de fondement ni raison ; et mauvaises, d'autant qu'elles se terminent au péché de la chair, et qu'elles dérobent le coeur à Dieu.
Ce n'est pas qu'il ne se passe quelquefois plusieurs années sans qu'il arrive rien qui soit contraire à la chasteté du corps, le démon même l'empêchant par ses ruses, afin que les personnes qui n'ont pas de mauvais desseins, ne découvrant pas le mal de ces amitiés ou trop fréquentes conversations, tombent plus facilement dans ses pièges.
Pour les paroles équivoques, elles doivent être en abomination à tous ceux qui aiment la chasteté, n'en proférant jamais et ne permettant pas qu'on en profère en sa présence, soit en témoignant courageusement que cela ne plaît pas, soit en l'empêchant absolument dans les personnes sur lesquelles l'on a du pouvoir.
De plus, l'on doit avoir un grand soin de rejeter promptement les mauvaises pensées, se souvenant que si un charbon de feu tombait sur nos habits, nous tâcherions de l'ôter aussitôt et sans aucun retardement. Or ces pensées sont autant de charbons d'enfer que les démons allument pour brûler nos âmes éternellement.
Les personnes qui en sont tentées et qui les souffrent à regret, ne doivent pas s'en inquiéter mais se consoler doucement à l'imitation de plusieurs saints et saintes que Dieu a permis d'être exercés par ces sortes de combats.