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Cardinal Lépicier sur St Joseph, Epoux de la Très Sainte Vierge
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13 octobre
TROISIÈME PARTIE - SAINT JOSEPH CONSIDÉRÉ PAR RAPPORT A L'ÉGLISE CATHOLIQUE
CHAPITRE II - CULTE DÛ A SAINT JOSEPH
Développement du culte de saint Joseph dans l'Eglise orientale
Bien qu'il ne soit guère possible de déterminer l'époque exacte où l'on a commencé à décerner à saint Joseph un culte public et solennel, on peut dire cependant, avec toute certitude, que les églises d'Orient ont, sur ce point, comme pour ce qui regarde le culte de la très sainte Vierge, non seulement précédé les églises d'Occident, mais aussi montré un plus grand empressement à faire connaître et honorer le glorieux Patriarche.
Pour ne parler que de l'Eglise grecque, Nicéphore Callistus raconte que, parmi les églises et oratoires élevés à Bethléem par sainte Hélène, mère de Constantin, à côté de l'église consacrée à la Mère du Verbe, il y avait un oratoire dédié à son chaste Epoux.
En outre, de graves auteurs attribuent à saint Joseph l'hymnographe, qui vivait au IXe siècle, un office composé pour la fête du Père putatif de Jésus, office que les églises d'Orient adoptèrent dès lors généralement, ce qui, cependant, n'empêche pas que déjà auparavant l'on ne célébrât la fête du saint Patriarche.
Quoi qu'il en soit, on sait que dans les Ménologes et les Ménées des Grecs, il est fait une triple mémoire de saint Joseph : la première, le dimanche avant Noël; la seconde, le 26 décembre; la troisième, le dimanche après la fête de Noël.
Développement du culte de saint Joseph en Occident
Pour ce qui regarde l'Occident, c'est surtout dans les Ordres religieux que se développa le culte du glorieux saint Joseph.
Pour commencer par un Ordre qui nous est cher, c'est, semble-t-il, aux Servites de Marie, que l'on doit la principale impulsion donnée dans ce sens, chose bien naturelle, puisqu'on ne peut pas séparer le culte de saint Joseph de celui de la Mère de Dieu, dont les Servites sont les principaux gardiens et propagateurs.
Déjà, au commencement du XIVe siècle, nous trouvons ces religieux, officiant à Bologne, dans une église, ancienne déjà de deux siècles, qu'ils avaient héritée des moines bénédictins, et où ils promouvaient de tout leur pouvoir le culte du saint Epoux de Marie.
Cette dévotion à saint Joseph, les Servites la conservaient avec un soin jaloux, au point que, quand, sur l'ordre de saint Pie V, ils durent échanger leur monastère avec celui des Sœurs dominicaines, ils demandèrent et obtinrent de transférer, dans leur nouvelle église, avec la dévotion qui leur était si chère, le titre même de leur ancienne église, de sorte qu'elle s'appelât désormais église de saint Joseph.
Vers la même époque, nous trouvons qu'à Todi, dans l'Ombrie, ces mêmes religieux avaient, dans leur église, érigé un autel au saint Patriarche; et c'est sous ce même autel que fut placé le corps de saint Philippe Bénizé, cinquième Général de l'Ordre.
Mais, non contents d'ériger, en l'honneur du saint Patriarche, des monuments de pierre, les Servites de Marie eurent à cœur d'inculquer, dans les cœurs de tous les membres de l'Ordre, un esprit de tendre dévotion envers lui, en établissant solennellement, au chapitre général, tenu à Orvieto en 1324, une fête, pour célébrer les louanges du « très bienheureux Joseph, époux de Notre-Dame, la Vierge glorieuse, et pour implorer son patronage », fête qui devait se célébrer dans tous les couvents de l'Ordre, le 19 mars, sous le rite double.